Torhout-Werchter sous le soleil | |||||||||||||||
ON ATTENDAIS PAUL SIMON ET STING, MAIS C'EST SURTOUT IGGY POP QUI A CREE L'EVENEMENT A TORHOUT | |||||||||||||||
Rock et bronzage ont fait bon ménage | |||||||||||||||
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UN DOUBLE FESTIVAL QUI RATISSE LARGE | |||
Du fan inconditionnel au profiteur de luxe | |||
Bandana noir et blanc noué né- gligement, t-shirt à l'effigie d'Iggy Pop, jeans délavé et bas- kets maculées de boue, Sophie se fraye difficilement un chemin dans la foule compacte de Torhout. Tel- le une fourmi, elle se faufile entre les corps allongés dans un amas de détritus, où se mêlent allègre- ment canettes de bière, cornets de frites, sacs poubelles et flacons d'huile solaire. Il est 18 h 20. Iggy, l'idole de Sophie, va commencer sa prestation dans dix minutes. Si elle veut se trouver dans les pre- miers rangs lorsqu'il entonnera le refrain de Raw power, elle doit se dépêcher. Police très cool... Des fans comme Sophie, les plaines de Torhout et de Werchter |
en ont accueilli une bonne centaine de milliers ce week-end. Mais il ne faut pas croire que ce double festi- val attire uniquement les amou- reux du rock. Loin de là ! Nom- breux en effet sont ceux qui vien- nent pour l'ambiance, la bronzette (à 1.000 francs le droit d'entrée, ça fait quand même cher pour le coup de soleil) ou tout simplement pour faire des affaires. Car, à côté des stands officiels de ravitaillement qui rivalisent à coups de hamburgers trop gras, de frites trop molles et de bières trop plates, il y a toute la pléiade de pi- rates. Ainsi, ce jeune couple de Bri- tanniques qui a squatté trois mè- tres carré d'herbe jaunie, juste à l'entrée du site. "Chaque été, nous partons en Europe pour suivre tous les festivals de rock, explique Fran- cis avec une pointe d'accent londo- |
nien à couper au couteau. Nous vendons des T-shirts, des posters et des cartes postales; En Belgi- que, votre police est très cool. C'est pas comme en Allemagne, où nous sommes souvent obligés de remballer toute notre marchandise sous peine de payer une amende;" Francis laissera sa compagne s'occuper seule du stand, "juste le temps d'aller écouter les Pixies, le seul groupe qui m'intéresse vrai- ment aujourd'hui". D'autre com- merçants ont eu moins de chance que le couple anglais. "Un festival en plein air, c'est toujours synony- me de pluie. Mais au lieu de pro- poser des anoraks à 150 francs, c'est plutôt des ray-bans que j'au- rais dû vendre aujourd'hui", me lâ- che ce quadragénaire qui, lui aussi, a l'air de se soucier plus de son portefeuille que des rythmes afri- |
cains de Paul Simon. Heureuse- ment pour lui, en pleine prestation de l'auteur de Bridge over troubled water, la pluie viendra arroser les dix hectares de Torhout, poussant les uns à se réfugier manu militari sous les sacs poubelles ou à se ruer vers le stand du vieux bon- homme et les autres, à se laisser rafraîchir après avoir été innondés de soleil toutes la journée. Quant aux habitants des deux villages qui abritent depuis quinze ans cette manifestation musicale, ils se sont vite adaptés à cette fau- ne particulière. Transformant leur garage en mini-superette et leur jardin en parking payant, ils se disent, après tout, qu'il vaut mieux faire, le temps d'un week-end, bonne fortune que mauvais coeur. See you next year ! Luc Lorfèvre |
DANS LES COULISSES | ECHOS
Le langage cru d'Iggy L'arroseur arrosé. Où l'histoire de ce brave qui aspergeait le public lors de la prestation d'Iggy Pop et qui s'est vu bombardé de bouteil- les en plastic au point de se ré- fugier en dessous se la scène. Mot clé. Selon un fan incon- ditionnel, Iggy Pop aurait pro- noncé le temps de sa perfor- mance le mot fuck à dix-sept reprises. Et dire que c'est du- rant son show dynamique que les télévisions ont été autori- sées à travailler en son direct. Record d'affluence. Le bar réservé à la presse a connu sa plus grande affluence au mo- ment où Bonnie Raitt est mon- tée sur scène. Gageons que la Californienne aura droit aux cri- tiques les plus courtes ou... les plus mensongères. Violence. Très, voire pas du tout de bagarre au festival de Torhout/Werchter. Hooliga- nisme et rock sont deux mon- des à part et c'est tant mieux. Néanmoins, signalons le com- portement déplorable d'un membre anonyme de la sécuri- té qui prenait un malin plaisir à traîner violemment dans la boue les récalcitrants qui pho- tographiaient sans autorisa- tion. | |
Le mythe du backstage | ||
Torhout/Werchter, coté pile, c'est 120.000 personnes qui s'ag- glutinent les unes sur les autres. Coté face, ce sont les security- men, les bénévoles de la Croix- Rouge, les pompiers, les techni- ciens et les journalistes qui parta- gent l'espace mythique du backs- tage. Mythique, car le fan imagine que l'on peut y trinquer avec Dave Stewart, tailler une bavette avec Paul Simon ou recueillir les premiè- res impressions d'Iggy Pop mors- que, ruisselant de transpirations, il quitte le podium pour se réfugier dans son car climatisé; Hélas ! Entre le mythe et la réali- té, il existe un gouffre que seule une accréditation donnant droit au fameux badge backstage ne per- met pas de franchir. "On ne passe pas", "Vous ne pouvez photogra- phier les artistes que lors des deux premiers morceaux", "Non, M. Sting n'accorde pas d'interview avant son show" : telles sont les réponses qui fusent platement de |
la bouche des membres du service d'ordre et qui procurent trop sou- vent un sentiment de frustration chez le journaliste. Incidents mineurs Il esr vrai que le service d'ordre doit se fendre d'une tâche particu- lièrement ingrate. Entre les capri- ces des artistes, les exigences des photographes et les évanouisse- ment qui frappent sporadique- ment les premiers rangs, ils n'ont qu'à de très rare occasions le temps de respirer ! Dans un registre moins musclé mais tout aussi efficace, le service médical a lui aussi été mis à rude épreuve. C'est au moment où les Pixies s'employaient à réveiller un public qui s'était quelque peu as- soupi durant la prestation de Bon- nie Raitt, que les blouses blanches ont connu leur coup de feu. Tandis que les plus jeunes bénévoles prê- taient main-forte aux pompiers pour raffraîchir les fans qui se pressaient devant la scène, les plus robustes partaient, la civière sur léépaule, en quête des victimes d'évanouissement ou de ceux qui avaient un peu trop carburé à la pils. Sans ces petits incidents mi- neurs, le festival de Torhout/- Werchter perdrait, il est vrai, un peu de son âme. L.L. | |
Le public a commencé à manifester son engouement lorsque les Pixies sont montés sur scènes. Cer- tains estivaliers en manque de sommeil ont pourtant préférés faire le sieste sue le sol jonché de détri- tus. |
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